LE MOURIDISME

Publié le par KHELCOMISATION TV

Le Mouridisme Son originalité réside dans le fait qu’à la différence des autres écoles soufies, le Mouridisme est sociable. En effet contrairement aux anciens mystiques qui se retiraient de la société pour se consacrer à Dieu, Les mourides sont à la croisée de la relation horizontale (entre les hommes) et de la relation verticale (entre l'homme et Dieu). Le Mouridisme est l’application de la relation verticale et de la horizontale comme au temps du Prophète (PSL) et de ses Compagnons. Il est un repositionnement de l’Islam dans l’authenticité de l’enseignement du Prophète Mohamed (psl). Cheikh Ahmadou Bamba affirme: "Je n’ai point fondé une confrérie (tariqa). J’ai plutôt trouvé la voie qu’avait scrupuleusement suivie le Prophète et ses Compagnons entièrement flétrie, je l’ai défrichée le plus proprement, je l’ai également rénovée dans toute son originalité et lancé l’appel suivant tout pèlerin qui désire accéder dans l’enceinte scellée d’ALLAH, peut venir avec nous. La voie réhabilitée est celle du pacte d’allégeance ". Les principes du mouridisme L’être humain est constitué de deux entités: le corps et l’âme. L’âme, élément principal, est la création de base, et, est en conséquence seule responsable au jour de la résurrection. C’est à elle que Dieu a assigné la charge de l’adorer sur terre. Et en cela, le corps est utilisé par l’âme comme un véhicule. Mais le corps humain a, des caractères qui 1’inclinent au refus de la soumission à Dieu et à une éternelle quête de plaisir. L’âme sur terre, a pour mission de ne pas se laisser corrompre par le corps, afin de retourner à Dieu dans son état de pureté originelle. Et cette tâche est d’autant plus ardue que Satan s’est donné comme objectif de s’y opposer. Le Mouridisme a pour finalité d’aider l’âme à accomplir sa mission terrestre afin de bénéficier de la félicité. Plus qu’un enseignement, le mouridisme est une éducation, une manière d’être. Cheikh Moussa DIOP déclare : « le mouridisme n’ est pas une récréation religieuse, où l’on ne se contente que de contemplation après avoir livré le meilleur de soi même dans des entreprises serviles, inutiles à l’ évolution de l’ humanité en péril. Le mouridisme est un mode vie, une idéologie et une politique ». Ce qui signifie que le mouridoullahi, sa vie durant ne doit chercher à plaire qu’à Dieu et être agréé par Lui. Le mouride doit appliquer les rites obligatoires pour tous le musulmans et rites surérogatoires pour l’élite de la communauté. Dans son ouvrage Massalik al Jinaan (les itinéraires du Paradis), Cheikh Ahmadou Bamba cite et décrit un certain nombre d’actes méritoires, que toute personne voulant se rapprocher de Dieu, doit s’évertuer à accomplir régulièrement, au même titre que les actes obligatoires. Les Actes Cultuels Le Zikr C’est "l’évocation continuelle" des noms ou attributs divins. Dieu en a fait une obligation pour tous les croyants: "O vous qui croyez ! Faites le zikr continuellement. Glorifiez-Moi matin et soir" Coran 3 3/40-41. Cette " évocation continuelle" de Dieu peut porter soit sur Ses Noms ou Attributs, soit sur des formules de glorification contenues dans le Coran. Mais, il est assurément plus méritoire de faire le zikr de la "Profession de Foi" : La ilaha illallah (point de divinités autre que Dieu). Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler que le Prophète (PSL) a dit à son propos, que "La ilaha illallah est la meilleure des paroles que mes prédécesseurs et moi avons eues à prononcer". Cheikh Ahmadou Bamba dit qu’elle synthétise l’ensemble des noms et formules de glorification divins. Sa seule mention nous accorde toutes les grâces et bienfaits qui découlent de l’évocation des autres saintes expressions et noms divins. Sa connaissance nous porte au voisinage de Dieu. D’ ailleurs Dieu (qu’il soit loué) avait affirmé au Prophète Moise (PSL), qui un jour lui demanda quelle était "la clé du Paradis". Dieu (qu’il soit glorifié) lui répondit que c’était la formule de témoignage de Son Unicité (La ilaha illallah). Et le prophète Moussa (PSL) lui exprima alors sa surprise, du fait que cette formule était courante, et mentionnée par tous et n’importe qui; Dieu (qu’il soit loué) lui fit savoir qu’elle ne profite qu’à celui qui en connaît le sens caché. Cheikh Ahmadou Bamba affirme dans Les itinéraires du Paradis (Massalik al Jinaan) vers 324 à 328 : "Le dévoilement des secrets contenus dans <> confine à celui d’un océan profond. Celui qui désirerait le pénétrer n’a qu’à répudier définitivement ce bas-monde. Ses secrets providentiels sont trop sacrés pour être écrits dans les pages d’un livre, à la portée de n’importe qui. On le communique certes verbalement a quelqu’un de bouche à oreille..." Le Wird Le wird est une répétition des noms de Dieu ou des formules saintes contenues dans le Coran. A la différence du Zikr qui se définit comme une évocation continue et illimitée de Dieu, le Wird se fait suivant un nombre déterminé et à des moments précis. Etymologiquement, il désigne le fait de "stationner sur un point d’eau pour boire ou puiser". Elle a pour origine la révélation au Prophète (PSL) ou l’inspiration aux saints. On le prend auprès d’un murchid (maître éducateur), qui le tient d’un autre. Et l’étude de cette chaîne initiatique (silsila), nous mènera au Prophète (PSL). La nécessité de se rattacher à une silsila, nous est affirmée par Dieu. "Rattachez-vous à la chaîne qui mène à Moi" La Méditation "Le meilleur jihad (guerre sainte) consiste à empêcher l’esprit de s’occuper de ce qui ne lui incombe pas" Cheikh Ahmadou Bamba Les itinéraires du Paradis vers 456. La méditation est le Zikr de l’esprit. Elle consiste à habituer celui-ci à se souvenir de Dieu. Elle se fait suivant diverses modalités. D’abord il est fortement déconseillé de chercher à comprendre le sens du décret divin et de méditer sur les Attributs de Dieu. En résumé, il est interdit de méditer sur le Créateur.La méditation profitable au mouride est celle tournée sur les créatures, notamment sur sa personne, ses défauts, ses vices... L’aspirant doit en effet constamment se remettre en question, scruter son intérieur et constamment demander des comptes à son âme charnelle. Il doit rappeler à cette dernière les affres de l’Enfer, mais aussi penser à la récompense promise aux pieux dans le Coran, afin d’encourager son âme à bien agir. Pour le savant ésotérique, la méditation sur l’univers accroît sa certitude et lui confère la gnose. A cotés de ces trois actes, il existe d’autres pratiques cultuelles : la lecture du Coran, le jeûne surérogatoire, les prières méritoires (nafilas)... Dans le mouridisme tous ces actes doivent être exécutés par tout aspirant désirant se rapprocher de Dieu. Ils ne peuvent être efficaces que s’ils sont effectués sous la direction d’un maître confirmé. Cheikh Ahmadou Bamba affirme que "toute personne qui n’a pas été éduquée par un directeur spirituel valable, Satan se chargera de le diriger partout ou il passe sur les voies de la perdition". Les itinéraires du Paradis v 294/295. Le Maître Fondement Le recours à un maître spirituel est certainement l'aspect le plus important, mais aussi le plus controversé. C'est une pratique tout à fait répréhensible selon les radicaux islamistes, qui vont jusqu'à l'assimiler &grave du shirk (fait d'associer Dieu à une créature). Mais cette interprétation dans la lignée de l'exégèse fondamentaliste est erronée dans tous ses aspects, car le fait de recourir à un Cheikh (maître) n'équivaut point à mettre ce dernier au même niveau que Dieu ou son Prophète (PSL), mais au contraire c'est juste le moyen de se rapprocher de Dieu:"O vous les croyants! Craignez Allah, chercher le moyen de vous rapprocher de Lui" Coran 5/35 De plus, le cheikh est juste la porte d'accès au Royaume de Dieu et comme disait un sage, "l'on passe par une porte non pas parce qu'on désire la porte en elle même, mais uniquement pour accéder à ce à quoi elle ouvre". D'autre part, l'affirmation fondamentaliste est fausse car le recours à un cheikh se fonde sur le Coran et la Sunna (tradition prophétique). Dieu, en effet, nous ordonne de suivre "le sentier de celui qui se tourne vers [Lui]" (Coran 31/13) et de faire "preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face" (Coran 18/28). De son côté, le Prophète (PSL) nous révèle: "Nul prophète après moi. J'aurais toutefois des successeurs et ils seront nombreux… Soyez fidèles au premier d'entre eux à qui vous aurez fait acte d'allégeance" (rapporté par Abou Houreyra) Le Messager de Dieu (PSL) exclut la venue d'un autre prophète et affirme toutefois que sa succession sera assurée au sein de la (des) communauté(s) musulmane(s) par les plus méritants. Ces derniers auront entre autre, la charge de succession, la guidance des croyants sur le droit chemin et leur éducation spirituelle. Le rôle d'un Cheikh Cheikh Ahmadou Bamba dans Hikmatoul khadim distingue qu’il y a trois maîtres spirituels qui ont différentes fonctions. - Le Cheikh tahlim ou enseignant Il a pour rôle d'enseigner le Coran, la Sunna et la jurisprudence islamique. Sa fonction est donc principalement théorique et ne requiert qu'une bonne mémoire et une certaine aisance dans l'expression. -Le Cheikh tarbiya ou éducateur Il a pour rôle d'aider son disciple à se départir de ses défauts. Il a une fonction plus valorisante que celle de l'enseignant en ce sens que la perfection du caractère est plus importante que l’érudition. Son rôle requiert une certaine psychologie, une réelle connaissance de l'âme et aussi des sciences religieuses. -Le Cheikh tarqiya ou "qui élève l'âme" C'est le maître par excellence. Il est arrivé à la proximité de Dieu et a reçu l'agrément de Celui-ci: "…Mon esclave ne cesse de se rapprocher de Moi…jusqu'à ce que je l'agrée. Je deviens alors les pieds avec lesquels il marche, la bouche avec laquelle il parle…" Son rôle est d'indiquer à son disciple la Voie à suivre pour se rapprocher de son seigneur. "Il est le guide éclairé qui connaît parfaitement le chemin, les pièges et les embûches qui le jalonnent, les impasses et les raccourcis. La Philosophie du Travail "Adorez Dieu comme si la mort était imminente et travaillez comme si la vie était éternelle" Cheikh Ahmadou Bamba. Dans ce chapitre, nous nous intéresserons à la définition de la logique du travail par Cheikh Ahmadou Bamba. En effet, le mouride est celui qui allie le travail et l’adoration. Pour le mouridisme le travail peut être défini à travers plusieurs variantes : Le travail physique (Kasb), le travail qui est le dévouement et l'effort pour une cause, pour la communauté (Khidmat); et le travail qui est l'effort pour l'acquisition d'un savoir spirituel (Amal). -Le travail pour l'acquisition d'un savoir spirituel (amal) " Allez en quête du savoir même si c'est jusqu'en Chine" Le Prophète Mohamed (PSL). Même s'il ne fait pas partie, des piliers de l'Islam, la recherche du savoir est obligatoire dans la religion musulmane. Il s'agit du savoir utile, et qui n'a pas été acquis dans un désir de controverse, mais plutôt pour connaître son Seigneur et lui plaire. -Le travail physique (kasb) Il est utile à deux niveaux : d’une il permet d'échapper à la pauvreté et d'autre part il est le meilleur moyen de combattre la paresse et l’âme charnelle. - Le travail au service de la communauté (khidmat) Il désigne l'engagement au service de son Cheikh, de ses condisciples et de l'idéal mouride en général.Le plus valeureux des disciples est sans conteste celui qui s'est le plus consacré au khidmat. Le prophète Mohamed dit que "le meilleur d'entre les gens est celui qui leur est le plus utile". Serigne Touba en rendant au travail toute sa valeur, soulève que l'abandon à Dieu n'exclue nullement l'effort pour gagner son pain.


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